Retail durable : les tendances vertes du commerce de demain
Le développement durable et la responsabilité sociale des entreprises font partie des tendances majeures de 2023 au NRF, le grand salon du retail. De la conception à la réutilisation des produits, les marques s’engagent vers un mode d’économie circulaire et répondent aux attentes des consommateur·ices, avec un mix d’innovations et de pratiques revisitées.
En découvrant ces nouvelles initiatives, on a voulu partager avec vous des exemples concrets de retailers en France et aux US qui agissent pour un retail durable, en ligne et en magasin. Donner une seconde vie à nos objets du quotidien ou limiter les déchets, quelles sont les solutions du commerce de demain pour réduire l’impact environnemental ?
Un retail plus durable avec la tendance du recommerce
Le recommerce permet de passer d’une économie du tout-jetable à un mode de consommation plus responsable. Le principe est simple : donner une seconde vie aux produits déjà utilisés pour limiter les déchets et la production. Avec une grande diversité d’articles disponibles, de la tech aux vêtements, le recommerce est un univers en pleine évolution.
Quand la seconde main devient un marché
Que ce soit en ligne ou en boutique, les retailers aussi se mettent à vendre sur le marché de l’occasion. Dans le luxe notamment, le modèle d’économie circulaire commence à faire son chemin. Au NRF Retail’s Big Show, on a pu voir émerger des concepts de plateformes destinées à sélectionner et à distribuer du luxe d’occasion aux entreprises et aux particuliers.
La start-up Reflaunt, spécialiste des technologies de seconde main, propose aux marques de luxe d’allonger la durée de vie de leurs vêtements en organisant la revente en ligne à travers un réseau partenaire de marketplaces. Comment ça marche ? Le client dépose dans une sélection de boutiques de la griffe en question ses anciens vêtements en échange d’un virement ou d’un avoir. Ce dernier est majoré de 20 % pour encourager l’économie circulaire en même temps que l’engagement client au sein de la maison.
Du côté des marques, Aigle a créé le site Second souffle, dédié à la vente de produits d’occasion pour une mode plus durable. Alors que le client peut revendre ou acheter des habits et des bottes en ligne à prix réduit, le contrôle et le nettoyage des articles sont organisés par Aigle directement. L’entreprise agit pour que moins de vêtements finissent dans les décharges, à l’inverse de la fast fashion.
Des produits réparables chez soi ou en magasin
D’autres initiatives en retail encouragent les consommateur·ices à réparer leurs biens plutôt que de s’en séparer. C’est le cas de Patagonia qui mise sur la réparabilité. En achetant chez eux, au lieu de remplacer le produit, on accède à un espace de réparation en ligne ou en magasin directement, comme c’est le cas à New York.
Sur le portail de réparation de Patagonia, on note un véritable engagement de la marque outdoors pour le développement durable. On peut consulter des vidéos DYI pour un cycle de vie plus long des doudounes, des vestes ou des jeans. Une mercerie de pièces détachées est disponible pour se procurer les boutons et les Fermetures éclair nécessaires. Tous ces tutos ne sont pas seulement utiles pour leurs produits, ils participent à revisiter de bonnes vieilles pratiques pour un retour à la sobriété.
L’upcycling ou comment créer du nouveau avec du vieux
Le principe de l’upcycling est de recycler une partie ou la totalité d’un produit, en y ajoutant de la valeur. Les retailers qui s’engagent dans cette pratique aident à prolonger la durée de vie des pièces en les transformant, dans le but de réduire à la fois les déchets et la production.
Pour vous donner un exemple concret, c’est le cas du vêtement upcyclé de Resap Paris. L’entreprise e-commerce ne produit aucune matière, seulement des habits recyclés et faits main. Les fondatrices se fournissent en achetant la matière première aux bornes de tri, ce qui évite au passage qu’on s’en débarrasse dans d’autres pays et qu’on reporte le problème de la gestion des déchets au-delà de nos frontières.
Les marques du retail se mettent à la location
Une autre tendance du retail en faveur de l’écologie consiste à développer l’usage plutôt que la propriété. Pour Décathlon, qui propose une offre de location longue durée de vélo, fitness et mobilité douce, l’enjeu est de rendre les équipements plus accessibles, tout en mettant en place une stratégie d’économie circulaire. Le « sport-as-a-service » s’inscrit dans une démarche de réduction d’empreinte carbone de l’enseigne, qui complète la réparation et le recyclage.
Dans la même mouvance, au Big Show à New York, on a pu découvrir Rent the Runway, une plateforme qui loue des vêtements de créateurs de mode sur abonnement. Pour une occasion spéciale ou pour tous les jours, on booke sa tenue en ligne qu’on peut garder une semaine ou autant qu’on le souhaite, en fonction de l’abonnement. L’entreprise derrière ce placard partagé se charge elle-même du nettoyage (avec des produits responsables) et met en avant son packaging réutilisable.
Les solutions des retailers pour limiter les déchets
C’est en effet, un autre angle d’attaque pour le retail responsable : traiter le problème à la source et limiter les déchets alors même qu’on produit, qu’on livre le client ou qu’on design les points de vente.
Des emballages sans plastique et réutilisables
Chez Unbottled, la question du packaging est un argument de vente principal. Leurs produits de beauté solides sont conçus pour limiter l’accumulation des emballages et « libérer les salles de bain du plastique ». Rien qu’en France, on en jette 360 millions par an ! Leur engagement : fournir des alternatives au plastique à usage unique pour protéger la planète et les océans contre les bouteilles de gel douche et de shampoing.
En magasin, les retailers imaginent aussi des solutions pour éviter le packaging inutile. Chez The Naked Shop, à Paris, le client apporte ses propres contenants réutilisés pour s’approvisionner en vrac en produits d’hygiène et de nettoyage de la maison.
La livraison à domicile est également en plein changement, avec des marques instaurant la livraison zéro déchet, comme La Fourche. Le fournisseur d’alimentation bio en ligne propose de livrer la nourriture avec une consigne pour les sacs en papier (qui remplacent les cartons), les bocaux et les bouteilles en verre.
Réduire la production de déchets de son commerce
Au-delà des produits, le magasin du futur sera aussi écoresponsable dans son propre design. À Londres, la créatrice Stella McCartney s’assure que les matériaux en boutique respectent la charte éthique avec des mannequins biodégradables. Les panneaux muraux sont faits à la main à partir des déchets recyclés provenant des bureaux mêmes.
Engagée depuis la création de sa marque en 2001, la styliste est signataire du Fashion Pact visant à limiter l’impact de la filière mode sur la biodiversité, le climat et les océans.
Éviter le gaspillage en optimisant la supply chain
Mais la tendance tech du moment, c’est de faire appel à l’IA pour gérer la supply chain en magasin. À l’instar de la start-up Wasteless, qui lutte pour réduire le gaspillage alimentaire des grandes surfaces en Europe et aux US, des projets innovants permettent d’inciter le client à acheter des produits sur le point de périmer, en ajustant la tarification en fonction de la date de péremption.
Le recours à l’intelligence artificielle permet ainsi d’automatiser de manière centralisée le suivi des dates de péremption, pour que les magasins agissent en conséquence avec des promos ou des paniers anti-gaspi.
Que ce soit en donnant une seconde vie aux produits, en facilitant la revente ou la location, ou en évitant le gaspillage et le plastique, un des enjeux majeurs du retail de demain est de réinventer des usages en s’engageant dans une démarche durable pour limiter l’impact considérable du secteur sur la planète.
Vous souhaitez découvrir plus de tendances du retail de demain ? Nous organisons pour vous une learning expedition pour se projeter dans le futur !